🎍 C Est Quoi L Amour En Psychanalyse

Amouret haine, haine et amour traversent, divisent, animent et participent Ă  la structuration de tout ce qui Ă©tĂ© et demeurent essentiel dans la pensĂ©e, du mythe Ă  la science, en passant par la religion, la philosophie ou la politique. Que ce soit comme philia, agapĂš ou Ă©ros. DĂšs lors, il n’est pas Ă©tonnant que la psychanalyse elle
Avant mĂȘme de s’aventurer dans la lecture des textes, il faut dĂ©broussailler le vocabulaire. Voici trois termes grecs que vous retrouverez souvent bizarrement plus dans les Ă©crits de philosophes contemporains que les bonnes vieilles traductions des textes grecs, qui elles sont 100% français -Ă  moins que l’on s’acharne Ă  vouloir lire des traducteurs comme Tricot, excellent au demeurant, mais qui s’acharne Ă  truffer le texte de notes et de rĂ©fĂ©rences en grec, au point de multiplier par deux le nombre de pages Ă  lire, je vais finir par refermer cette parenthĂšse, voila ces trois termes grecs, les voili, les voila Eros Amour physique. DĂ©sir appelant contact. Philia AmitiĂ©. Relation d’estime mutuelle, d’égal Ă  Ă©gal rĂ©ciproque. Agape Amour du prochain sans attente de rĂ©ciprocitĂ© Alors ça a l’air simple comme ça, mais c’est trĂšs compliquĂ© on aurait beau jeu de rĂ©sumer la situation en affirmant qu’il ne peut s’agir que de sexe, de camaraderie et de gĂ©nĂ©rositĂ©. C’est pas si simple et ces concepts sont Ă  manipuler avec ĂȘtre clair, je vais reprendre ces concepts, et dire d'abord ce qu’ils ne sont pas, puis prĂ©ciser enfin ce qu’ils sont. Eros, ce n’est pas qu’une histoire de cul. C’est beaucoup plus noble que cela. Eros Ă©tait le dieu de l’Amour chez les Grecs, une des force constitutives du cosmos. Il Ă©tait gĂ©nĂ©ralement reprĂ©sentĂ© par un enfant ailĂ© ou non tenant un arc. On retrouve cette reprĂ©sentation dans nos Églises. Ce n’est plus un dieu mais un ange, mais le sens profond reste le mĂȘme une fois qu’il nous a touchĂ© d’une de ses flĂšches, nous sommes irrĂ©sistiblement attirĂ©s vers l’autre, comme un aimant par un autre aimant -la comparaison n’est pas valable, trop matĂ©rialiste c’est souvent ce qu’on reproche Ă  l’érotisme ne considĂ©rer que des corps quand l’ñme est dans le coup. Il ne s’agit pas que de relation physique ce ne sont pas de simples atomes qui sont mus les uns vers les autres. En psychanalyse, Freud utilise ce terme dans sa derniĂšre thĂ©orie des pulsions, pour dĂ©signer l’ensemble des pulsions de vie. Quand deux amants veulent se toucher, ils ont besoin d’un contact peau Ă  peau. Mais encore une fois il ne faut pas rĂ©sumer cela Ă  une histoire de cul. Un enfant a besoin de contact physique cliquez ici pour trouver un petit topo sur l’attachement, notion redĂ©finie grĂące Ă  l’éthologie de nombreuses thĂšses actuelles montrent que le contact peau Ă  peau est thĂ©rapeutique, par exemple un enfant prĂ©maturĂ© se porte mieux s’il est maintenu en contact peau Ă  peau que s’il reste en couveuse. Les notions de contact, et mĂȘme de tact, doivent ĂȘtre apprĂ©hendĂ©es en se dĂ©barrassant de prĂ©jugĂ©s qui les enfermeraient dans un cadre purement sexuel. Philia, ce n’est pas la camaraderie. L’ami n’est pas mon copain. Il n’est pas non plus une “bonne relation”. Mon ami n’est pas mon ami parce qu’il me fait du bien parce qu’il me fait rire, parce qu’il me donne de bons conseils, parce qu’il m’ouvre des portes, parce qu’on se fait de bonnes bouffes. Il ne s’agit pas de ce genre de relation, somme toute Ă©goĂŻste. Il ne s’agit pas d’un sentiment comme l’amour du prochain, que l’on pourrait ressentir pour n’importe qui d’agrĂ©able compagnie l’ami est un Ă©lu, avec lequel je ne suis ni altruiste ni Ă©goiste, et lui non plus on se tient Ă  distance convenable, mĂȘme si l’on se tĂ©moigne une immense estime. Un ami est une personne sur laquelle on peut rĂ©ellement compter. On peut dire que c’est l’ami dont on parle quand on dit “c’est dans le besoin qu’on reconnaĂźt ses amis”. Si l’on veut. Quoique dans la notion grecque de l’amitiĂ© que je vais dĂ©crire, on ne suppose mĂȘme pas qu’un ami puisse se retrouver dans le besoin, tant on se soucie vĂ©ritablement de lui procurer le meilleur sans jamais qu’il ait Ă  le demander. Agape n’est pas un sentiment de pitiĂ© ou de sympathie, qui fait que je tends Ă  vouloir faire du bien Ă  quelqu’un. Si je donne deux euros Ă  un SDF, c’est le plus souvent parce qu’il m’a Ă©mu. Quelque chose dans son apparence m’a touchĂ©, quelque chose dans son discours m’a plu. Or l’amour du prochain ne choisit pas qui aimer, il aime toute l’humanitĂ©. Quand il fait du bien Ă  un homme particulier, c’est au nom de son amour pour tous les hommes. Dans ces trois notions on retrouve mĂ©langĂ©es bienfaisance et concupiscence. Toutes conviennent Ă  l'altruisme il s'agit de se rĂ©jouir de la fĂ©licitĂ© d’autrui, voire de s’approprier sa conscience c'est beau, mais ça peut ĂȘtre dangereux ce qui multiplie la beautĂ© par douze.Allez, reprenons les trois, non plus pour dire ce qu'ils ne sont pas, mais ce qu'ils sont ! Eros ClassĂ© communĂ©ment parmi les passions passio = souffrir on souffre d’ĂȘtre attirĂ© comme un aimant. La volontĂ© n’entrerait plus en jeu, on se voit mu vers l’autre. On peut approuver ou dĂ©sapprouver, lutter ou pas, mais il faut bien reconnaĂźtre l’existence de ces tendances, pulsions, qui nous tirent et nous poussent les uns vers les autres. On en tire une conclusion immĂ©diate “on ne s’appartient pas”. C’est le corps qui commande, pas la raison. C’est dĂšs l’abord avec apprĂ©hension que l’on envisage l’aspect physique d’une relation accomplie dans sa fulgurance, l’extase parait nous sortir du monde rationnel dans lequel nous pouvions nous affirmer comme “une chose qui pense”. Soudain la fiĂšvre nous agite, et l’on ne peut plus parler seulement de simple complicitĂ© avec son ou sa voisine d’emphase. Des pulsions dirigent les intentions, on peut parler d’instinct, et se retrouver au rang de bĂȘte le corps parle. Il a ses raisons, que la raison ne contrĂŽle plus, d’oĂč la peur qui survient on ne s’appartient plus quand on tombe amoureux non plus d’ñme, mais de corps, et cette apprĂ©hension croĂźt au contact du corps de l’autre. PlongĂ© dans une bouleversante intimitĂ©, l’esprit se trouve comme possĂ©dĂ© par un dĂ©mon impĂ©rieux -on peut y voir le serpent de la Bible prenant possession d’une Ăąme pure jusqu’alors. Sans mesure ni diplomatie formelle, le contact est direct enfin, et formidable le sexe est un accĂšs privilĂ©giĂ© Ă  ce mystĂšre qu’est l’autre, cet Ă©trange ĂȘtre dont le tact rĂ©vĂšle si puissamment l’existence. L’ego vacille, perd ses repĂšres, se noie dans une fusion oĂč la conscience n’est plus que spectatrice l’amour prend, dĂ©clenche un systĂšme d’activitĂ©s extraordinairement difficiles Ă  contrĂŽler. C’est la fin de l’ñme maĂźtresse. La luciditĂ© se tait et contemple. Dont acte pour qui veut rester soi-mĂȘme, c’est-Ă -dire toujours agir avec retenue, c’est tomber bien bas que de s’envoyer en l’air. Cet amour-lĂ  est l’amour fou il conduit Ă  agir de façon irrationnelle, justement parce que c’est le corps qui parle. On n’a aucune raison d’aimer c’est physique. S’il y a une rationalisation possible, elle vient Ă  rebours on s’invente des raisons d’aimer. Ces raisons n’expliquent rien. Comme les humeurs. L’amour cet amour lĂ , l’amour physique, que Gainsbourg disait sans issue n’est pas une vertu aucune Ă©motion n’est susceptible d’informer plus mal, de tromper autant sur soi, sur l’autre. C’est une passion la passivitĂ© de la raison, la souffrance de la conscience, sont dĂ©noncĂ©es dans quasiment toute l’histoire de la philosophie. DĂ©noncĂ©es mais aussi glorifiĂ©es “rien de grand ne s’est accompli dans le monde sans passion” dit Hegel qui cherche la raison dans l'histoire... de cul. C’est une Ă©motion stimulante, mais sans contrĂŽle on excuse mĂȘme le crime passionnel il est pardonnable de tuer dans le feu de l’amour, puisqu’on ne se maĂźtrise plus. Cessons de nous acharner sur les passions, prĂ©sentĂ©es ici comme des dĂ©mons venant nous torturer, nous dĂ©possĂ©dant de nous-mĂȘmes. Comme le rappelle Descartes, et comme nous le verrons aussi avec Spinoza, tout Ă©vĂ©nement a une cause, et quand on Ă©voque la sensualitĂ©, cette cause peut ĂȘtre dite intentionnelle on ne se caresse pas par hasard, on le fait exprĂšs. L’action et la passion sont une seule et mĂȘme chose. Nous le verrons avec le TraitĂ© des Passions de Descartes, et avec l’Ethique de Spinoza. Aime-t-on ou est-on seulement attirĂ© ? Comme les phĂ©romones odeurs dĂ©terminantes attirent irrĂ©sistiblement les insectes -mais aussi les mammifĂšres que nous sommes, inconsciemment, le “charme” est impossible Ă  dĂ©finir on peut ĂȘtre attirĂ© par une personne sans pour autant aimer cette personne. on le voit dans un trĂšs beau texte de Pascal -dans ses PensĂ©es, 688-323. Il faut distinguer au moins deux Eros 1 Une “simple” libido phĂ©nomĂšne naturel qui fait que dĂšs la pubertĂ© le corps s’enflamme et nous prĂ©pare Ă  aimer n’importe qui, voire n’importe quoi. On va rĂ©flĂ©chir aux dĂ©sirs irrĂ©pressibles avec Platon. 2 Une sensualitĂ© plus noble, qui s’éveille pour une personne unique c’est la FOCALISATION, ou la cristallisation de Stendhal. Une seule personne brise la pudeur, rĂ©clame le contact, et permet la relation corps Ă  corps. On ne peut pas ĂȘtre amoureux sans savoir de qui c’est l’objet spĂ©cifique de l’amour qui dĂ©finit l’amour. Alors on n’aime pas qu’un corps, mais une personne. Et d’ailleurs le corps peut changer sans que le dĂ©sir soit perdu; de mĂȘme une autre personne avec un corps similaire ne pourra pas satisfaire le besoin affectif. [ C’est le sujet du fameux paradoxe d’AlcmĂšne femme d’Amphitryon, aimĂ©e de Zeus, dont elle eut HĂ©raclite. Pour se la faire, Zeus prit les traits d’Amphitryon et AlcmĂšne l’a aimĂ© toute une nuit. Mais c’est Ă  Amphitryon qu’elle se donnait. Si elle avait su que c’était Zeus, elle n’aurait plus eu le moindre dĂ©sir, car ce n’est pas le corps d’Amphyitryon qu’elle aimait, mais sa personne -a travers son corps. AlcmĂšde aime quelque chose qu’Amphytryon possĂšde, mais pas Zeus, et qui fait qu’elle n’aime jamais qu’Amphytrion. Philia Nota on trouve des allusions Ă  philia, Ă  philos, philein, phileesken etc. Ne pas se laisser impressioner. Traduit littĂ©ralement, philia = amitiĂ© et Philos = aimĂ©, cher, chĂ©ri. Ne vous inquiĂ©tez pas si vous prenez l’un pour l’autre l’un est un nom, l’autre un adjectif, et tous deux dĂ©signent la mĂȘme notion. De mĂȘme philein c’est le verbe qui signifie “aimer”. Au passage philo-sophia = chĂšre sagesse. La Philia n’est pas la simple amitiĂ© au sens courant d’aujourd’hui, qui fait qu’on peut dire “hier j’ai Ă©tĂ© boire une biĂšre avec quelques amis et on a bien rigolĂ©â€. D’abord il n’y a pas de biĂšre dans la GrĂšce Antique ça rigole pas. Ensuite l’ami n’est pas simplement celui avec lequel on va trinquer, mais celui avec lequel j’ai Ă©tĂ© uni de façon solennelle, de façon si solennelle qu’on peut dire que je lui appartiens et que rĂ©ciproquement il m’appartient officiellement. Comme l’a notĂ© Benveniste Le Vocabulaire des institutions indo-europĂ©ennes le mot Philos a trois sens dont il faut rendre compte. C’est chez HomĂšre que le mot apparaĂźt pour la premiĂšre fois normal c’est le premier Ă©crit grec Homere est le plus vieil auteur grec, si vieux qu’on se demande s’il a bien existĂ©, vu le nombre d’oeuvres Ă©normes qu’on lui attribue L’Iliade, L’odyssĂ©e, toutes les aventures d’Ulysse.... les Ă©crits datent du 6Ăš siĂšcle -mais on ne sait pas quand les textes ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©s, vu qu’ils ont d’abord Ă©tĂ© transmis par tradition orale. On trouve le mot Philos utilisĂ© dans deux sens ami et possession d’oĂč le “cher” ambigu fila gounata = ses genoux TroisiĂšme sens le verbe filein ne signifie pas seulement “aimer, Ă©prouver de l’amitiĂ©â€, mais aussi “baiser”. Par “baiser”, ĂŽ luxurieux humains, il faut entendre “faire des baisers”. Ce qui nous fait trois sens dont il nous faut rendre compte l’ami, le mien, le baiser. Facile ceux qu’on aime font en quelque sorte partie de nous donc il nous appartiennent en quelque sorte, et nous leur appartenons, et tout Ă  fait naturellement nous les embrassons. Eh non ce qui nous semble logique ne l’était pas du tout Ă  l’époque l’usage du baiser n’était pas propre Ă  la GrĂšce. Il n’y a que certains Ă©trangers qui s’embrassent. “Quand les Perses se rencontrent sur les chemins, on peut reconnaĂźtre Ă  ce signe si ceux qui s’abordent sont du mĂȘme rang au lieu de se saluer par des paroles, ils se baisent sur la bouche. L’un des deux est-il de condition lĂ©gĂšrement infĂ©rieure, ils se baisent sur les joues. Si l’un est d’une naissance beaucoup plus basse, il se jette Ă  genoux et se prosterne devant l’autre.”HĂ©rodote I, 134, trad Legrand. MoralitĂ© je n’embrasse que ceux qui sont de mon rang. On va comprendre que ce terme dĂ©signe une relation exceptionnelle entre Ă©lus. A l’époque l’étranger n’a strictement aucun droit, aucune protection, aucun moyen d’exister. RĂ©sultat on ne s’aventure pas n’importe oĂč, on vient sur invitation d’une personne avec laquelle on est en relation de philotes d’amitiĂ©. Le pacte qu’ils ont conclu sous le nom de Philos les engage dans la rĂ©ciprocitĂ© des relations qui fait toute l’hospitalitĂ©. “C’était un homme riche, mais il Ă©tait philos anthropos; car il hospitait phileesken tout le monde, sa maison Ă©tant au bord de la route” HomĂšre,II, 6, 15 HomĂšre parle Ă©videmment d’une exception on n’accueille pas n’importe qui. Mais cette citation nous permet de comprendre ce qu’était originairement un philanthrope, et un hĂŽte encore des amoureux, amoureux des hommes. Voila le fondement institutionnel de la notion de philos dans la sociĂ©tĂ©. L’amitiĂ© est susceptible de se rĂ©aliser dans des circonstances exceptionnelles, et mĂȘme entre combattants, comme une convention solennelle qui n’est pas du tout l’amitiĂ© au sens banal. On n’accueille que l’élite, Ă  laquelle on s’estime Ă©gal. C’est en tout cas, Ă  ma connaissance, le seul moyen d’expliquer que dĂšs l’époque d’HomĂšre la notion de philia dĂ©signe Ă  la fois l’attachement, l’apropriation et les baisers. Maintenant on peut rapidement traverser deux millĂ©naires pour comprendre comment cette notion a pu garder son sens aujourd’hui. A l’époque chrĂ©tienne, le baiser est un signe de reconnaissance entre le Christ et ses disciples, puis les membres des PremiĂšres communautĂ©s. A l’époque de la chevalerie le baiser est le geste qui consacre le chevalier dans la cĂ©rĂ©monie de l’adoubement. Aujourd’hui on embrasse un dignitaire aprĂšs lui avoir remis son insigne. Vous le voyez, on n’embrasse pas n’importe qui, mais quelqu’un qu’on estime Ă©minemment digne d’ĂȘtre reçu, protĂ©gĂ©, consacrĂ©. Et ça va dans les deux sens encore aujourd'hui le mot hĂŽte dĂ©signe Ă  la fois celui qui reçoit et celui qui est reçu; dans les deux cas c’est un honneur que se font des Ă©gaux. Je suis l’obligĂ© de l’autre, son serviteur symboliquement s’entend ne s’embrassent, justement, que ceux qui ne sauraient en aucun cas ĂȘtre asservis l’un Ă  l’autre. On le voit, la Philia implique un Immense respect et un vĂ©ritable devoir. C’est une amitiĂ© ressentie pour ses semblables famille, communautĂ©... qui tend vers la tendresse, la gĂ©nĂ©rositĂ©, mais toujours dans la rĂ©ciprocitĂ©. Altruisme un peu bizarre cette volontĂ© de faire le bien de l’autre pourrait paraĂźtre n’ĂȘtre que gĂ©nĂ©rositĂ©, s’il n’y avait pas tout un protocole montrant qu’il ne s’agit pas de dons spontanĂ©s, mais de dettes qu’on s’échange. L’ami qu’on se met en devoir de servir est un Ă©lu, on n’aime pas n’importe quoi. Vouloir le bien de l’autre sans chercher Ă  en tirer parti. Mais en agissant pour le bien d’autrui on agit le plus souvent pour son propre bien “Ainsi aucun des deux amis, Ă  la fois aime son propre bien et rend exactement Ă  l’autre ce qu’il en reçoit, en souhait et en plaisir.”Aristote, Ethique Ă  Nicomaque, VII 7 1157b36 Il y a lĂ  quelque chose d’intime, un moi partagĂ©, une union d’atomes crochus. C’est trĂšs intime, diffĂ©rent de l’amour du prochain on garde le sentiment d’unicitĂ© de la personne. >Si on me presse de dire pourquoi je l'aimais, je sens que cela ne se peut exprimer, qu'en rĂ©pondant Parce que c'Ă©tait lui, parce que c'Ă©tait moi. »Montaigne, Les Essais, livre Ier, chapitre XXVIII “Aimer, c’est souhaiter pour quelqu’un ce que nous croyons ĂȘtre des biens pour lui et non pour nous, et aussi ĂȘtre, dans la mesure de son pouvoir, enclin Ă  ces bienfaits. Est notre ami celui qui nous aime et que nous aimons en retour. Se croient amis, ceux qui sont dans cette disposition l’un envers l’autre.”Aristote, RhĂ©torique II, 4, 1380b35-1381a3 Concluons sur la philia en la redĂ©finissant volontĂ© du bien de l’autre sans vrai altruisme. Mon meilleur ami, c’est moi. Agape L’amour du prochain Evangile de Luc, 10 33 Un homme est blessĂ© et git Ă  terre. Passent un lĂ©vite et un samaritain qui ne s’arretent pas. Celui qui lui porte secours appartient Ă  un peuple dont la tradition dit qu’il devrait plutot le laisser crever. Il s’arrĂȘte pourtant. Pas parce qu’on lui a appris qu’il fallait secourir, mais parce que le gisant est son prochain. On peut diffĂ©rencier deux types de relation avec autrui la relation conforme Ă  un modĂšle rĂšglement, loi, etc et la trelation spontanĂ©e, non dĂ©ontologique. Morale chrĂ©tienne nous nous aimons comme crĂ©atures de Dieu. Pas de rapport soi/prochain j’aime Dieu. Ce peut ĂȘtre une morale athĂ©e mais ce sera toujours moral “Chaque ĂȘtre humain a sa particularitĂ©, mais le fait d’ĂȘtre un ĂȘtre humain est la qualification fondamentale.” Kierkegaard, Les Ɠuvres de l’amour dĂ©but “Dans la rĂšgle d’or de Jesus de Nazareth, nous retrouvons tout l’esprit du principe d’utilitĂ©. Faire ce que nous voudrions que l’on nous fĂźt, aimer notre prochain commen nous-mĂȘmes voilĂ  qui constiotue la perfection idĂ©ale de la morale utlitariste.” -> Ă©galitĂ© de traitement pour tous “Agis de telle sorte que tu traites l’humanitĂ© aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en mĂȘme temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen.”Kant, Fondements, II, Ak, IV Pl II, 295 L’amour du prochain, c’est un amour sans attente de rĂ©ciprocitĂ©, qui ne lie pas par un rapport d’égal Ă  Ă©gal on aime l’humanitĂ© comme on aime un dieu, la vie, ou la nature. Cet amour est moral, en ce qu’il est inspirĂ© par la nĂ©gation de soi et le dĂ©vouement Ă  l’autre; il nous invite Ă  aimer tout homme simplement parce qu’il est homme, Ă  faire ce que nous voudrions qu’il fit, sans chercher plus loin quel intĂ©rĂȘt nous satisferions en servant l’HumanitĂ© mĂȘme. C’est beau... mais nous quittons l’aspect personnel de l’amour. Il n’y a plus d’élu de mon cƓur, mais des grands principes. On choisit ses amis, Ă©lus de notre cƓur, aimĂ©s d’un amour qui discerne les hommes en fonction de la valeur qu’on leur accorde. Or dans l’amour du prochain, aimer ce n’est plus accorder une faveur Ă  un privilĂ©giĂ© prĂ©fĂ©rĂ© entre tous, mais un devoir ordonnĂ© “Tu aimeras ton prochain comme toi-mĂȘme” absolument tous les hommes, mĂȘme tes pires ennemis; non plus seulement ceux avec lesquels tu te sens des affinitĂ©s... Ce qui suppose Ă  la fois qu’on puisse conjuguer le verbe aimer au futur et que l’amour ne soit qu’un devoir. Est-ce bien de l’amour ? Sens Ă  donner ou Ă  redonner Ă  toute relation civique. Spinoza le prochain est ce qu’il y a de plus utile Ă  l’homme. De fait, l’amour de soi peut ĂȘtre premier et lĂ©gitimer l’amour du prochain par amour de toi, tu aimeras ton prochain pour toi-mĂȘme. Cet amour, observĂ© comme en passant, ne nous sert Ă  rien dans le cadre de notre dĂ©bat, mais il nous permet d’en montrer les enjeux. Nous ne sommes plus au temps des Grecs de Platon, qui ne connaissaient pas l’amour chrĂ©tien et ne se tĂ©moignaient pas d’estime par principe, mais s’aimaient dĂ©libĂ©rĂ©ment. Et nous avons peut-ĂȘtre perdu la possibilitĂ© de nous aimer d’amitiĂ© comme les Grecs le pouvaient en se frĂ©quentant quotidiennement, en faisant appel trĂšs frĂ©quemment au jugements des uns et des autres “en leur Ăąme et conscience”... OĂč est cette “ñme”, dans cette “conscience”, quand l’exploitation de l’homme par l’homme le transforme en moyen et rend toute relation utilitaire ? Une “rĂ©alitĂ© Ă©conomique”, dĂ©termine nos rapports les plus intimes et montre tout l’aspect social de l’amour, qui supporte mal l’asservissement l’amitiĂ© s’instaure sans appropriation ni instrumentalisation. Quand le travail aliĂšne, quand les rencontres sont fugitives, quand les relations longues instaurĂ©es par tout une longue suite de retrouvailles rĂ©guliĂšres sont empĂȘchĂ©es, on ne peut plus prendre le temps d’aimer, mais seulement d’entretenir quelques agrĂ©ables relations... bref de se trouver des camarades avec lesquels on collaborera. Notre cƓur n’est-il pas aujourd’hui dĂ©vorĂ© comme un bien de consommation, et dĂ©vorant comme un consommateur ? Le carcan social n’apprend pas Ă  aimer, mais comment aimer la sagesse de l’amour est technicienne. L’Autre est seulement intĂ©ressant considĂ©rĂ© comme un objet dont on attend quelque profit. On mise sur lui plutĂŽt que de l’aimer la gĂ©nĂ©rositĂ© ne va plus de soi. La routine du travail noyant dans l’inconscience le dĂ©sir de vĂ©ritable unitĂ© fait que chacun reste absolument seul. Des automates sont incapables d’aimer, ne savent qu’échanger quelque “paquet de personnalitĂ©â€ en espĂ©rant conclure un marchĂ© Ă©quitable. L’amour comme l'amitiĂ© se rĂ©sument dĂšs lors Ă  une relation d’équipe des rapports bien “huilĂ©s” de gens qui se disent “confrĂšres mais nĂ©anmoins amis”, qui restent Ă©trangers, ne parviennent pas Ă  une relation profonde, mais se traitent avec courtoisie et tachent de s’apporter un mutuel rĂ©confort. Vous avez remarquĂ© ? Dans le titre “L’AmitiĂ© et l’amour”, tel qu’il a Ă©tĂ© imprimĂ© sur les cartons de pub, le mot AmitiĂ© a un A majuscule, alors que le mot amour n’en a pas. Hasard de frappe ? Ce simple dĂ©tail rappelle tout l’enjeu et le contenu de ce dĂ©bat nous avons considĂ©rĂ©, puis dĂ©considĂ©rĂ©, l’amour et l’amitiĂ© leurs liens, leurs enchevĂȘtrements... Et au passage nous avons fait un tel Ă©loge de l’AmitiĂ©, que nous avons du considĂ©rer comme supĂ©rieur Ă  l’amour ! DĂ©jĂ  il s’agissait de hiĂ©rarchiser des biens... Merci Ă  Jean-Claude, qui m'a signalĂ© mes fautes de frappes ! Citations “Car l’amour espĂšre toujours que l’objet qui alluma cette ardente flamme est capable en mĂȘme temps de l’éteindre illusion que combattent les lois de l’amour.”LucrĂšce. De la nature. IV “...Le plaisir excessif s’accorde-t-il avec la tempĂ©rance ?-Comment cela pourrait-il ĂȘtre, puisqu’il ne trouble pas moins l’ñme que la douleur ? -Et avec les autres vertus ? donc ? avec l’insolence et l’incontinence ?-Plus qu’avec toute autre connais-tu un plaisir plus grand et plus vif que celui de l’amour sensuel ?-Je n’en connais pas, rĂ©pondit-il ; il n’y en a pas de plus contraire, l’amour vĂ©ritable aime avec sagesse et mesure l’ordre et la beautĂ© ?-Certainement, rien de furieux ni d’apparentĂ© Ă  l’incontinence ne doit approcher de l’amour La RĂ©publique III, 403a. SOCRATE “il n’y a rien qui soit plus maĂźtre de nous-mĂȘme que l’ñme” ... “c’est donc notre Ăąme que nous recommande de connaĂźtre celui qui nous enjoint de nous connaĂźtre nous-mĂȘmes ... donc celui qui connaĂźt quelque partie de son corps connaĂźt ce qui est Ă  lui, mais pas lui-mĂȘme”“DĂšs lĂ , si quelqu’un a Ă©tĂ© amoureux du corps d’Alcibiade, ce n’était pas d’Alcibiade qu’il Ă©tait Ă©pris, mais d’une chose appartenant Ă  Alcibiade.“Aussi celui qui aime ton corps, quand ce corps a perdu sa fleur de jeunesse, s’éloigne et te quitte. Mais celui qui aime ton Ăąme ne s’en ira pas, tant qu’elle marchera vers la bien, moi je suis celui qui ne s’en va pas, mais qui demeure, quand le corps perd sa fleur et quand les autres se sont Tu fais bien, Socrate, puisse-tu ne pas me quitter !SOCRATE Fais donc effort pour ĂȘtre le plus beau possible”Platon, Premier Alcibiade, 130-131. Que penses-tu de ce garçon, Socrate ? me demanda-t-il. N’a-t-il pas une belle figure ?-Une figure merveilleuse, bien, reprit-il, s’il consentait Ă  se dĂ©vĂȘtir, tu ne ferais plus attention Ă  sa figure, tant ses formes sont parfaites.”Et comme les autres confirmaient les Ă©loges de KhairĂ©phon “Par HĂ©raclĂšs, m’écriai-je, comment rĂ©sister Ă  un pareil homme, s’il possĂšde encore une seule petite chose ?-Laquelle ? demanda est bien douĂ© du cĂŽtĂ© de l’ñme, et l’on doit s’y attendre, Critias, puisqu’il est de votre est, dit-il, Ă©galement beau et bon de ce ce cas, dis-je, pourquoi ne dĂ©shabillerions-nous pas son Ăąme pour la regarder, avant de contempler la beautĂ© de son corps ? À l’ñge oĂč il est, il doit dĂ©jĂ  ĂȘtre disposĂ© Ă  discuter.”Platon Charmide. 154d. “On devient stupide dĂšs qu’on cesse d’ĂȘtre passionĂ©â€ “Les passions sont, dans le moral, ce que dans le physique, est le mouvement; il crĂ©e, anĂ©hantit, conserve, anime tout, et sans lui tout est mort; ce sont elles aussi qui vivifient le monde moral”Helvetius Discours III, titre du ch. 8 Liens internes Pourquoi est-on attirĂ© par le beau ? Je t'aime est-ce que cela te regarde ? L'amour existe-t-il ? Je sĂ©duis donc j'existe Altruisme et Ă©goĂŻsme Ceci est mon corps L'amitiĂ© et l'amour Tu aimeras ton prochain comme toi-mĂȘme Soin qualitĂ© de vie et bonheur
1L’amour de transfert est un sujet auquel la psychanalyse porte un intĂ©rĂȘt toujours renouvelĂ©. Lacan lui a d’abord consacrĂ© une annĂ©e de son sĂ©minaire, pour lui attribuer ensuite un statut de concept fondamental de la psychanalyse, tout en lui donnant une place de pivot de l’expĂ©rience analytique, suivant par lĂ  le chemin tracĂ© par Freud.

Je prĂȘte toujours beaucoup d’attention aux premiĂšres phrases d’un livre. D’elles dĂ©pend que celui qui l’a ouvert poursuive ou non sa lecture. Ce livre de Stefan Zweig La confusion des sentiments » commence ainsi Ils ont eu une exquise pensĂ©e, mes Ă©tudiants et collĂšgues de la FacultĂ© voici, prĂ©cieusement reliĂ© et solennellement apportĂ©, le premier exemplaire de ce livre d’hommage qu’à l’occasion de mon soixantiĂšme anniversaire et du trentiĂšme de mon professorat, les philologues m’ont consacrĂ©. Il est devenu une vĂ©ritable biographie. » Avant d’en savoir plus sur le personnage que nous allons dĂ©couvrir et qui parle en son nom, qui tĂ©moigne de ce que fut sa vie, un mot nous attire celui de philologue », nous savons que celui qui s’adresse Ă  nous s’annonce comme un personnage amoureux de la langue et des textes. Sur ce point de l’amour de la langue, on peut dire que le psychanalyste ne peut ĂȘtre qu’un philologue, puisque c’est avec cela qu’il travaille mais que c’est aussi ce qui fait le plaisir et les charmes de son mĂ©tier, et c’est en cela que nous sommes sĂ©duits d’entrĂ©e de jeu par ce que le roman nous promet. La narrateur tenant en ses mains la somme de tous ses travaux se demande dans quelle mesure elle reprĂ©sente ce que fut sa vie Ainsi moi qui ai employĂ© toute une vie Ă  dĂ©crire les hommes d’aprĂšs leurs Ɠuvres et Ă  objectiver la structure intellectuelle de leur univers, je constatais prĂ©cisĂ©ment sur mon propre exemple, combien reste impĂ©nĂ©trable dans chaque destinĂ©e le noyau vĂ©ritable de l’ĂȘtre, la cellule mouvante d’oĂč jaillit toute croissance [
] Aucune algĂšbre de l’esprit ne peut la calculer. Aucune alchimie du pressentiment ne peut la deviner [
] Ce livre ignore tout du secret de mon avĂšnement Ă  la vie intellectuelle ». C’est donc le rĂ©cit de cet avĂšnement que le narrateur nous confie dans ce livre La confusion des sentiments », livre qui double en quelque sorte le premier, celui de sa biographie intellectuelle avec la somme de ses travaux. En effet dans cette biographie il manque un nom propre le nom de celui qui lui a en quelque sorte donnĂ© naissance dans le monde des idĂ©es L’index soigneusement Ă©tabli comprend deux cents noms il y n’y manque que le nom de celui d’oĂč partit l’inspiration crĂ©atrice, le nom de l’homme qui a dĂ©cidĂ© de mon destin et qui, maintenant avec une puissance redoublĂ©e, m’oblige Ă  Ă©voquer ma jeunesse. Il est parlĂ© de tous, sauf de lui qui m’a appris la parole et dont le souffle anime mon langage [
] Je veux ajouter un feuillet secret aux feuilles publiĂ©es, ajouter un tĂ©moignage du sentiment au livre savant, et me raconter Ă  moi-mĂȘme, pour l’amour de lui, la vĂ©ritĂ© de ma jeunesse. » Chaque analysant ne peut qu’ĂȘtre rendu sensible Ă  l’accent de cette affirmation me raconter Ă  moi-mĂȘme, pour l’amour de lui, la vĂ©ritĂ© de ma jeunesse ». N’est-ce pas en effet ce qu’il pourrait se dire si ce n’est quand mĂȘme qu’il pourrait la complĂ©ter d’une autre affirmation certes me raconter mais aussi lui raconter, lui raconter Ă  lui, l’analyste, cette vĂ©ritĂ© de ma jeunesse mais avant tout de mon enfance. Le narrateur Ă©voque donc sa vie d’étudiant et sa rencontre essentielle avec un merveilleux professeur qui donna un sens Ă  sa vie. Il nous raconte que d’abord il profita de sa vie d’étudiant Ă  Berlin et s’adonna aux plaisirs des sens avec de nombreuses conquĂȘtes fĂ©minines. Un soir son pĂšre arriva Ă  l’improviste dans sa chambre et le trouva en joyeuse compagnie. Le pĂšre y est dĂ©crit comme un pauvre homme, un homme dĂ©sormais ĂągĂ©, c’est son pĂšre rĂ©el. Il y a certaines paroles, Ă©crit-il, qui ne sont d’une vĂ©ritĂ© profonde qu’une seule fois, prononcĂ©es entre quatre yeux, et quand elles jaillissent spontanĂ©ment du tumulte inattendu des sentiments. Ce fut le seul entretien vĂ©ritable que j’eus jamais avec mon pĂšre, et je n’hĂ©sitais pas Ă  m’humilier volontairement ; je m’en remis Ă  lui de la dĂ©cision Ă  prendre. » Son pĂšre l’incite Ă  partir loin de Berlin, dans une petite universitĂ© oĂč il pourra travailler sĂ©rieusement. C’est lĂ  qu’il rencontre son pĂšre idĂ©alisĂ©, un brillant professeur qu’il dĂ©crit minutieusement. Il tombe sous le charme de sa parole. Au moment oĂč il pousse la porte de la salle de la confĂ©rence, il parle avec enthousiasme de la littĂ©rature Ă©lisabĂ©thaine MalgrĂ© moi je m’approchais davantage, afin de voir, par-dessus les paroles, les gestes remarquablement arrondis et Ă©largis des mains, qui parfois, lorsque sonnait un mot puissant, s’écartaient comme des ailes, s’élevaient en frĂ©missant et puis d’abaissaient peu Ă  peu musicalement avec le geste modĂ©rateur d’un chef d’orchestre. Et toujours la harangue devenait plus ardente tandis que, comme sur la croupe d’un cheval au galop, cet homme ailĂ© s’élevait rythmiquement au dessus de la table rigide, et, haletant, poursuivait l’essor impĂ©tueux de ses pensĂ©es traversĂ©es par de fulgurantes images. » Ce que Stefan Zweig dĂ©crit ainsi c’est ce que les romains appelaient raptus, c’est-Ă -dire l’envol d’un esprit au dessus de lui-mĂȘme ». En latin mĂ©diĂ©val ce raptus Ă©tait dĂ©fini comme une extase, un ravissement. Ne serait-ce pas une rĂ©fĂ©rence Ă  cette autre jouissance », cette jouissance au-delĂ  du phallus que dĂ©crit Lacan comme Ă©tant certes Ă  rapprocher de la jouissance mystique mais qui est aussi de l’ordre de la jouissance fĂ©minine ? Quoiqu’il en soit notre jeune hĂ©ros est subjuguĂ© par cet envol lyrique. A la suite de cette premiĂšre rencontre, dans ce roman, sous ce titre la confusion des sentiments », nous assistons donc au dĂ©veloppement d’une passion entre l’élĂšve et son maĂźtre. Du cĂŽtĂ© de l’élĂšve, cet amour pour le maĂźtre dĂ©crit Ă  merveille ce que Lacan a Ă©voquĂ© sous ce terme de pĂšre-version » ou version vers le pĂšre » et en quoi et surtout comment elle lui donne accĂšs Ă  toutes les formes de sublimation. C’est cet amour pour le professeur qui donne accĂšs Ă  l’amour du savoir, c’est par lui et grĂące Ă  lui que s’effectue la transmission. Lacan dans les derniĂšres annĂ©es de son enseignement, sous ce terme de pĂšre-version », avait en quelque sorte redonnĂ© quelque vigueur Ă  ce terme freudien depuis tombĂ© un peu en dĂ©suĂ©tude, celui d’ ƒdipe dit inversĂ© » ou ƒdipe nĂ©gatif ». De fait, pour un sujet masculin, il s’agit d’élire le pĂšre comme objet d’amour et la mĂšre comme objet rival par rapport Ă  l’objet d’amour, objet rival qui devient, de ce fait mĂȘme, objet de haine. Les positions s’inversent donc par rapport Ă  l’Oedipe dit normal positif ou le pĂšre qui Ă©tait objet de haine et la mĂšre vĂ©ritable et premier objet d’amour. De fait, comme Freud nous l’indique dans son article, le Moi, le ça et l’idĂ©al du moi, le sujet nĂ©vrosĂ© dĂ©veloppe un Oedipe dit complet c’est-Ă -dire Ă  la fois positif et nĂ©gatif, normal et inversĂ©, de telle sorte que l’ambivalence rĂšgne en maĂźtre aussi bien par rapport au pĂšre que par rapport Ă  la mĂšre. Lacan reprenant cette question sous le nom de la version vers le pĂšre, rĂ©partit ces composantes de l’ƒdipe selon trois temps logiques. Au premier temps, le signifiant du pĂšre permet de symboliser ce qu’il en est du dĂ©sir de la mĂšre, il reçoit sa signification avec l’aide du signifiant du phallus. Au second temps, la mĂšre doit ĂȘtre littĂ©ralement privĂ©e, chĂątrĂ©e de ce qu’elle n’a jamais eu, un phallus imaginaire, tandis que l’enfant doit ĂȘtre chassĂ© par le pĂšre de cette position d’objet mĂ©tonymique de la mĂšre, de son dĂ©sir de ne faire qu’un avec elle. Au troisiĂšme temps logique, c’est lĂ  que le pĂšre doit ĂȘtre prĂ©fĂ©rĂ© Ă  la mĂšre comme Ă©tant celui qui a le phallus. Mais lĂ , c’est Ă  son tour de faire la preuve qu’il l’a et surtout qu’il est capable de le donner. C’est lĂ  que le pĂšre rĂ©el est le plus souvent mis en dĂ©faut d’avoir Ă  soutenir cette haute fonction de pĂšre symbolique. Le symptĂŽme de chaque sujet est lĂ  pour lui venir en aide, pour remĂ©dier Ă  ses dĂ©faillances. Dans ces symptĂŽmes, c’est le pĂšre imaginaire, le pĂšre idĂ©alisĂ©, qui assure en quelque sorte la relĂšve du pĂšre rĂ©el, qui pare Ă  ses insuffisances. Ce roman de Stefan Zweig nous en livre avec beaucoup de subtilitĂ© la fiction littĂ©raire. Le jeune homme nous dĂ©crit l’état d’ñme qu’il Ă©prouve aprĂšs avoir Ă©coutĂ© cette brillante confĂ©rence Quant Ă  moi je ne pouvais pas bouger, j’étais comme frappĂ© au cƓur. PassionnĂ© et capable seulement de saisir les choses d’une maniĂšre passionnĂ©e, dans une sorte d’élan fougueux de tous mes sens, je venais pour la premiĂšre fois de me sentir conquis par un maĂźtre, par un homme ; je venais de subir l’ascendant d’une puissance devant laquelle c’était un devoir absolu et une voluptĂ© de s’incliner ». Mais ce nouvel engouement pour le professeur ne fut pas sans effet sur les ardeurs intellectuelles du jeune homme Pour la premiĂšre fois de sa vie il lut avec passion Shakespeare 
 je lus l’Ɠuvre du poĂšte comme je ne l’avais jamais fait auparavant. Peut-on expliquer des changements semblables ? Mais tout d’un coup je dĂ©couvrais dans ce texte un univers ; les mots se prĂ©cipitaient sur moi, comme s’ils me cherchaient depuis des siĂšcles ; le vers courait en m’entraĂźnant comme une vague de feu, jusqu’au plus profond de mes veines, de sorte que je sentais Ă  la tempe cette Ă©trange sorte de vertige ressenti quand on rĂȘve qu’on vole. » Dans les jours qui suivent, le jeune homme s’enquiert des travaux de son maĂźtre et dĂ©couvre qu’en fait il n’a jamais rien Ă©crit d’important. Ces quelques Ă©crits ne faisaient qu’annoncer une Ɠuvre qui n’avait jamais vu le jour. Il se rend Ă©galement chez lui Avec quel tremblement l’adolescent que j’étais, franchit-il ce seuil pour la premiĂšre fois ! Rien n’est plus passionnĂ© que la vĂ©nĂ©ration d’un jeune homme, rien n’est plus timide, plus fĂ©minin que son inquiĂšte pudeur. » Stefan Zweig dĂ©crit je trouve trĂšs bien ce que Freud avait interprĂ©tĂ© comme la position fĂ©minine passive du garçon vis-Ă -vis du pĂšre, position contre laquelle il se dĂ©fend de toutes ses forces viriles. Elle est par l’écrivain en tant que telle non seulement reconnue mais assumĂ©e. Au cours de sa premiĂšre rencontre avec son maĂźtre, nous voyons apparaĂźtre Ă  la porte du bureau comme ne retrait ce qui est pourtant l’élĂ©ment indispensable de la triangulation Ɠdipienne, la maĂźtresse de maison annonçant que le diner est servi. Elle vient ainsi interrompre le tĂȘte Ă  tĂȘte. Elle jouera un rĂŽle important dans ce roman. C’est elle qui aide en effet son jeune ami Ă  dĂ©couvrir l’homosexualitĂ© de son mari, elle l’aide Ă  en prendre conscience. C’est ce que dĂ©crit Stefan Zweig comme Ă©tant une confusion des sentiments », une confusion que le jeune Roland a beaucoup de mal Ă  dĂ©chiffrer. Dans ce roman on voit ainsi se dessiner ce qu’il en est de cette version vers le pĂšre qui caractĂ©rise la nĂ©vrose et celle qui caractĂ©rise la perversion en tant que structure, par rapport au dĂ©menti de la castration. Il y a en effet une trĂšs belle Ă©tude qui se dessine ainsi mais ce qui m’a surtout intĂ©ressĂ© dans cette Ɠuvre c’est surtout la façon dont le poĂšte dĂ©crit cette fonction de l’amour du pĂšre et de l’amour de l’enseignant pour transmettre l’amour de la culture, l’amour de la langue. Il en Ă©tait de moi comme ce prince du conte oriental qui, brisant l’un aprĂšs l’autre les sceaux posĂ©s sur les portes de chambres fermĂ©es, trouve dans chacune d’elles des monceaux toujours plus gros de bijoux de bijoux et de pierres prĂ©cieuses, et explore avec une aviditĂ© toujours plus grande l’enfilade ce ces piĂšces, impatient d’arriver Ă  la derniĂšre. C’est exactement ainsi que je me prĂ©cipitais d’un livre dans l’autre, enivrĂ© par chacun, mais jamais rassasiĂ© mon impĂ©tuositĂ© Ă©tait maintenant passĂ©e dans le domaine de l’esprit. J’eus alors un pressentiment de l’immensitĂ© inexplorĂ©e de l’univers intellectuel aussi sĂ©duisant pour moi que l’avait Ă©tĂ© pour moi le monde aventureux des villes
 » Il me semble que mĂȘme si cet accĂšs au monde aventureux du savoir inconscient ne peut ĂȘtre atteint qu’en partie, on peut calquer sur cette fonction de l’amour du maĂźtre, du professeur donnant accĂšs Ă  l’amour des lettres, Ă  l’amour de la langue, la fonction de l’amour du psychanalyste. Ce mĂȘme passage peut en effet avoir lieu entre l’amour de transfert dans l’analyse et ce que Lacan a appelĂ© transfert de travail » , ce qui assure la transmission de la psychanalyse, d’un sujet Ă  l’autre, ce qui permet Ă  l’analyste de se maintenir sur la brĂšche par rapport Ă  la survie de la psychanalyse et par rapport Ă  ces nĂ©cessaires rĂ©inventions.

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LesystĂšme inconscient : la vie psychique va au-delĂ  de ce dont nous sommes conscients, au-delĂ  de ce qui est prĂ©conscient, c'est -Ă  dire que nous pourrions en prendre conscience lorsque nous avons essayĂ© de penser Ă  elle. Une grande partie de notre esprit est inconsciente, et cette partie est accessible uniquement avec la psychanalyse. Les expĂ©riences de la petite enfance sont un Eros et Thanatos – Quelques repĂšres mythologiques Ă  l’usage de la psychanalyse François GĂ©rard – Cupidon et PsychĂ© – 1798 Et si le monde Ă©tait une pulsation rythmĂ©e de vie et de mort », de mouvements perpĂ©tuels, d’apparition et de disparition – Il court, il court, le furet » – pointait Lacan pour illustrer le caractĂšre mĂ©tonymique du dĂ©sir et d’aspiration Ă  l’équilibre, Ă  la satiĂ©tĂ©, Ă  l’image de la mort. Telle pourrait ĂȘtre une reprĂ©sentation du couple oxymore d’Eros et Thanatos dans la mythologie grecque. La mythologie demeure elle-mĂȘme structurĂ©e sur un couple cardinal de contraires conflictuels, constituĂ© de Mythos Tu racontes des bobards », pouvons-nous imaginer dans le propos de Platon soulignant une origine chaotique aux mythes et de Logos, expression d’une parole discursive et organisĂ©e. Chaos, conflictuel, pulsions et contre-pulsions », fait advenir l’engendrement des thĂ©orie des pulsions selon Freud est notre mythologie et les dieux de la mythologie ne sont que des figures de nos les mythologues, les gĂ©nĂ©alogies fluctuent selon les auteurs, poĂštes ou philosophes, des prĂ©-socratiques aux post-socratiques. Un profil d’Eros Dans la thĂ©ogonie engendrement des dieux d’HĂ©siode, au commencement Ă©tait le Chaos l’abime, la bĂ©ance, le non-lieu, d’oĂč il ne sort rien, l’ouvert » pour Jean-Pierre ce Chaos Ă©mergeront cinq divinitĂ©s dont Eros, le plus beau des immortels, Gaia, la terre mĂšre primordiale matrice de la vie, Tartare, le lieu divin du chĂątiment, Nyx, la nuit et ErĂšbe, les tĂ©nĂšbres. La Terre engendrera le Ciel Ouranos le PĂšre.Pour Pierre Legendre La 901° conclusion Ă©tude sur le théùtre de la raison, Fayard, 1998 ce PĂšre – Ouranos sorti de la mĂšre archaĂŻque – serait l’expression d’un fantasme infantile du sexe unique. Si ces divinitĂ©s sont toutes des lieux constitutifs de l’espace, Eros apparait comme la force qui pousse Ă  l’engendrement, le dynamisme, la puissance qui met en mouvement, la propulsion qui met hors de soi, le principe universel qui assure les gĂ©nĂ©rations en rendant les ĂȘtres qu’il est, il incarne l’amour, le dĂ©sir, l’érotisme, la pulsion de vie. Eros a pour frĂšre AntĂ©ros, prĂ©sentĂ© selon les auteurs comme frĂšre rival crĂ©ateur de dĂ©samour, ou comme l’amour retournĂ©, rĂ©ciproque, et reprĂ©sente dans le discours de Socrate sur l’amour le sentiment amoureux d’un jeune garçon ÉromĂšne pour la thĂ©ogonie orphique OrphĂ©e, initiateur mythique, Eros nait d’un Ɠuf primordial nommĂ© Protogonos le premier nĂ© ou PharĂšs qui fait Ă©tinceler les ailes d’or sur son dos qui, en unissant tous les Ă©lĂ©ments, crĂ©e l’origine du serait pour Jean-Pierre Vernant le premier Eros non sexuĂ© France culture Le bon plaisir, 1994. Le second Eros, sexuĂ©, naĂźtrait de l’émasculation d’Ouranos par l’un de ses fils, Chronos, qui jette le sexe de celui-lĂ  Ă  la mer. Ainsi naissent Aphrodite, de l’écume spermatique Aphros » signifie Ă©cume et Eros, sexuĂ© Ă  l’origine, de l’union entre les mĂąles et les femelles. Aphrodite sortant nue des flots et chevauchant une conque est magistralement reprĂ©sentĂ©e dans le tableau de Botticelli. Il est Ă  noter que cette beautĂ© absolue Ă©merge d’une sanglante horreur, de l’émasculation d’un homme
 GĂ©rard Miller Malaise, Seuil, 1992 fait remarquer que cette perfection la VĂ©nus sera Ă  notre Ă©poque dĂ©-voilĂ©e, habillĂ©e par des hommes couturiers homosexuels qui mettront en scĂšne dans un dĂ©filĂ© de mode ces belles femmes mannequins inaccessibles en tenues vaporeuses, irrĂ©elles, telles des muses au regard portĂ© vers un au-delĂ . Ces beautĂ©s parfaites mĂ©dusent » les photographes hommes rendus quasiment impuissants, rivĂ©s Ă  leur bien le plus prĂ©cieux, leurs gigantesques tĂ©lĂ©objectifs phalliques. Dans cette comĂ©die des sexes, beautĂ© absolue et horreur de la castration se Ă  l’évĂ©nement traumatique de la dĂ©couverte de la castration, notamment maternelle, Ă©vĂ©nement Ă  la lisiĂšre de l’imaginable, Ă©vĂ©nement qui conduit Lacan Ă  forger le nĂ©ologisme de troumatisme », le sujet invente alors quelque substitut pour combler le trou dans le RĂ©el, ce trou liĂ© au la plupart des auteurs, Eros est fils d’Aphrodite, dĂ©esse de l’Amour et d’ArĂšs, dieu de la Guerre. Chez les Romains, la correspondance d’Eros est Cupidon, fils de VĂ©nus et de est reprĂ©sentĂ© en enfant ailĂ© muni d’un arc et d’un carquois garni de deux types de flĂšches en or et pointues, elles gĂ©nĂšrent dĂ©sir et amour, en plomb et Ă©moussĂ©es, elles immunisent contre toute avance. Les Erotidies, en quelque sorte notre Saint-Valentin », sont cĂ©lĂ©brĂ©es dans son sanctuaire Ă  mythe d’Eros et PsychĂ© illustre l’amour aveugle » ou l’amour de deux ĂȘtres, impossible au grand jour, allĂ©gorie entre un amour charnel et un amour divin, une histoire d’ailes entre PsychĂ© aux ailes de papillon PsychĂ© » signifiant papillon et Eros aux ailes d’oiseau. PsychĂ©, l’une des trois filles d’un roi de GrĂšce, est dotĂ©e d’une beautĂ© extraordinaire. Aphrodite se montre jalouse et demande Ă  Eros de dĂ©cocher une flĂšche pour qu’elle tombe amoureuse de la crĂ©ature la plus laide. Par erreur, Eros se blesse et tombe amoureux de PsychĂ© qu’il emmĂšne secrĂštement dans son palais. Il la rencontre dans le noir et il lui fait promettre de ne jamais dĂ©couvrir son visage, mais la curiositĂ© trop forte l’entraine Ă  dĂ©couvrir ce mystĂ©rieux ĂȘtre tant aimĂ©. Pendant son sommeil elle approche une bougie, mais une goutte huile tombe et rĂ©veille Eros. Elle dĂ©couvre alors la beautĂ© du dieu de l’amour. La promesse est rompue, Eros s’envole dans la douleur. PsychĂ© part Ă  sa recherche et prie Aphrodite qui demeure d’autant plus jalouse que PsychĂ© entretient une relation amoureuse avec son fils. Aphrodite va alors lui imposer une sĂ©rie d’épreuves dont la derniĂšre est de rencontrer PersĂ©phone dans le royaume d’AdĂšs et de lui rapporter une boĂźte contenant une partie de sa beautĂ©. Une fois encore, PsychĂ© dĂ©rogera Ă  cette injonction en ouvrant la boĂźte. Une brume sort de la boĂźte et l’endort Serait-ce Hypnos, frĂšre de Thanatos ?. Eros interprĂšte ces Ă©preuves comme autant de manifestations d’amour. Emu, il part Ă  sa rencontre et remet la malĂ©diction dans la boĂźte. PsychĂ© se rĂ©veille alors et ils s’enlacent. Elle devient alors immortelle et dĂ©esse de l’Esprit. Ils ont pour descendante une fille nommĂ©e Edone, dĂ©esse de la voluptĂ©. Ce mythe de PsychĂ© est fondamental, en tant que la psychanalyse est l’analyse de PsychĂ©, et mĂ©rite un dĂ©veloppement. Guy Massat, dans un sĂ©minaire du 30-10-2006 sur le mythe de PsychĂ©, avance l’idĂ©e que les trois figures illustrent des pulsions de vie Eros la libido, Aphrodite la beautĂ© et PsychĂ© le charme et la force vitale inconsciente, laquelle devient immortelle aprĂšs une sĂ©rie d’ et PsychĂ© illustreraient alors deux figures de la femme. Dans le banquet de Platon, six personnes essaient de dĂ©finir la nature d’ Socrate, il apparaĂźt comme un intermĂ©diaire entre les Dieux et les hommes il naĂźt de Poros, dieu de l’ingĂ©niositĂ©, de l’abondance, dotĂ© de savoirs et de ressources son Ă©tymologie montre qu’il n’est jamais dans l’aporie et de PĂ©nia, figure de pauvretĂ©, de misĂšre, dĂ©pourvue de savoirs et toujours dans le manque !Eros hĂ©ritera de ces deux parents. Il sera va-nu-pieds », malpropre, sans gĂźte, telle sa mĂšre, mais Ă  l’affut de tout ce qui est beau et bon, viril, chasseur redoutable, rusĂ©, magicien Ă  l’instar de son pĂšre ; il sera pauvre mais toujours astucieux pour charmer, toujours dans le manque de l’ĂȘtre aimĂ©, en un mot en dĂ©sir, Ă  l’image de Don reste intrinsĂšquement contradictoire, exaltant et dĂ©cevant, et quelle que soit sa gĂ©nĂ©alogie, il est plus ou moins redoutĂ©, grĂące Ă  son pouvoir de faire aimer. Une esquisse de Thanatos Dans la ThĂ©ogonie d’HĂ©siode, Thanatos est tantĂŽt fils d’ErĂšbe, dieu des enfers et de Nyx, dĂ©esse de la nuit, tantĂŽt, par parthĂ©nogenĂšse, Nyx l’a conçu seule c’est-Ă -dire sans union sexuelle. Thanatos le trĂ©pas » possĂšde un frĂšre jumeau, Hypnos, personnalisation du sommeil et d’une forme de petite mort, et une sƓur Lyssa, dĂ©esse de la folie furieuse est la personnification de la mort, rĂ©fugiĂ© dans le Tartare, sĂ©jour des morts. RedoutĂ©, son nom est tu par superstition, et il est reprĂ©sentĂ© dans un corps amaigri, squelettique et souvent recouvert d’un voile, tenant une faux et une urne contenant des cendres. Ennemi des humains, au cƓur d’airain, il considĂšre les hommes comme faibles et sans reste une figure mineure qui ne donne pas lieu Ă  un mythe. Il est essentiellement attachĂ© Ă  deux Ă©pisodes ceux de Sisyphe et d’ le rusĂ© dĂ©fie la mort et piĂšge Thanatos en l’enchaĂźnant avec des menottes, mais dans un second temps, Thanatos, aidĂ© de Zeus, amĂšne Sisyphe aux enfers oĂč il sera condamnĂ© Ă  rouler un rocher jusqu’au sommet d’une butte. Le rocher dĂ©valera la pente et Sisyphe devra recommencer Ă  perpĂ©tuitĂ© on n’échappe pas Ă  la mort qui gagne toujours
 Nous sommes seulement en entre en lutte contre la mort, attache Thanatos pour dĂ©livrer Alceste fille de PĂ©lias des enfers. Le couple oxymore Eros et Thanatos Ce couple de dieux grecs sera retenu par Freud comme l’intrication de figures antagonistes et articulĂ©es sous le concept de pulsion de vie et de pulsion de mort de destructivitĂ© ». Le monde apparaĂźt alors comme une pulsation rythmĂ©e de vie crĂ©ative et de mort est conçu dans un entre-deux, entre un Dieu et une mortelle, Ă  la porte du palais, ni dedans, ni dehors. Il est l’expression du jeu dans cet entre-deux. C’est la vie dans son perpĂ©tuel renouvellement, dans son esthĂ©tisme Ă  travers le plaisir de crĂ©er et de susciter le dĂ©sir amoureux et sexuel. Le dĂ©sir est Ă©tymologiquement l’arrachement Ă  la fixation » sidĂ©ration de l’étoile, la dĂ©-sidĂ©ration » reprĂ©sentant la quĂȘte vers l’étoile manquante, dĂ©sir toujours en mouvement dĂ©sĂ©quilibrant et tendant vers l’équilibre, mouvement qui entraine vers l’autre. Ce dĂ©sir qu’on ne peut jamais attraper est Ă  l’image du furet pour Lacan il court il court le furet, le furet du bois mesdames », en une allusion sexuelle dans la contrepĂšterie de cette comptine de 1720 faisant rĂ©fĂ©rence au cardinal Dubois rĂ©putĂ© pour son amour des sera au contraire l’aspiration Ă  l’équilibre, la stabilitĂ©, la satiĂ©tĂ© hors de la faim, de la soif, image de la mort Ă  l’instar d’un organisme parfait sans besoin de son environnement. Sur l’Olympe, Zeus et les treize autres olympiens viennent de gagner la guerre contre les Titans, ils se retrouvent dans un monde paisible, harmonieux et commencent Ă  s’ennuyer. Le besoin de vie, Eros, se fait sentir pour ne pas chuter dans cet Ă©quilibre paradoxalement mortifĂšre qu’est Thanatos. Alors ils inventent les humains pour se distraire ! Guy Decroix – Octobre 2020 – Institut Français de Psychanalyse© 34RL1H3 Copyright Institut Français de Psychanalyse 165views, 20 likes, 8 loves, 11 comments, 2 shares, Facebook Watch Videos from Association L’Arche De Manue: Nos 6 petits bout d‘amour pris en charge 165 views, 20 likes, 8 loves, 11 comments, 2 shares, Facebook Watch Videos from Association L’Arche De Manue: Nos 6 petits bout d‘amour pris en charge hier avec leur maman que l’on a nommĂ©e SOPHIE ‱ Une nouvelle Ă©dition de ce grand best-seller 14 000 ex. vendus ‱ Le support de rĂ©fĂ©rence pour parler aux 5-13 ans de la sexualitĂ© ‱ Des dessins et un texte Ă  la fois directs, beaux et respectueux Nombreux sont ceux qui dĂ©noncent aujourd’hui le rapport faussĂ© que les jeunes entretiennent avec la sexualitĂ© ThĂ©rĂšse Hargot,... D’oĂč l’urgence d’un discours vrai, qu’enfants et parents trouveront dans ce support qui explique aux 5-13 ans, dans un langage adaptĂ©, la beautĂ© de l’amour et de la sexualitĂ©. Cette nouvelle Ă©dition profite de l’expĂ©rience toujours plus grande de son auteur auprĂšs des petits et des grands pour leur parler du corps, de l’amour, de l’origine de la vie, du dĂ©veloppement du bĂ©bĂ© et, sujet original mais tellement liĂ©, de l’esprit qui guide le corps. InĂšs de Franclieu, mĂšre de famille, est une confĂ©renciĂšre Ă  succĂšs spĂ©cialisĂ©e dans l’éducation affective et sexuelle. Interview de l’auteur dans PĂšlerin du 25 aoĂ»t 2016 Recension sur le site de la CEF Jeunes Cathos Blog le 2 octobre 2016 Recension dans Le Bulletin du rosaire de novembre 2016 Article dans ZĂ©lie de septembre 2018 Interview de l’auteur + prĂ©sentation du livre sur Aleteia le 15 novembre 2018 Psychanalyse Sur le plan psychique, la psychanalyse considĂšre que les premiĂšres relations parents-enfants sont dĂ©terminantes dans l'esprit d'une personne et de sa perception de l'amour. Les relations mĂšre-fils ou pĂšre-fille, notamment, sont particuliĂšrement marquantes.Les relations parents-enfants sont gĂ©nĂ©ralement dĂ©sĂ©quilibrĂ©es : le parent rĂ©pond aux besoins de l'enfant. Lacaninsiste beaucoup sur cette distinction dans le champ psychanalytique et ceci dĂšs le premier sĂ©minaire : « l’amour se distingue du dĂ©sir, considĂ©rĂ© comme la relation-limite qui s’établit de tout organisme Ă  l’objet qui le satisfait. Car sa visĂ©e n’est pas de satisfaction, mais d’ĂȘtre.
Cest l'amour du prochain, l' amour inconditionnel, dĂ©sintĂ©ressĂ© et absolu. C'est l'amour qui renonce Ă  affirmer sa puissance, sa jouissance. C'est un amour qui n'est que douceur et charitĂ©, donner sans rien attendre en retour, ni joie, ni jouissance, ni puissance. On pourrait dire que c'est l'amour de sƓur Emmanuelle pour donner un exemple, mĂȘme nous sommes en droit de nous
Freudnous avertit que, dans une psychanalyse, il ne se passe rien d’autre qu’un Ă©change de paroles ; il nous prĂ©vient aussi qu’il n’est pas possible de l’apprendre dans les livres. Ainsi « Ă©crire la psychanalyse » est un Ă©noncĂ© aporĂ©tique qui retrouve le hiatus entre thĂ©orie et pratique. Pourtant, on fait des psychanalyses comme on fait l’amour.
Entreren analyse, c'est rentrer dans un singulier espace de notre vie, oĂč les mots jonglent avec les maux et la rĂ©alitĂ© avec l'imaginaire. C'est un lieu privilĂ©giĂ© oĂč chacun.e expĂ©rimente sa langue dans son corps, oĂč la contradiction ordinaire, la culpabilitĂ©, le Lire plus. Et l’amour? par Sonia PinnavaĂŻa | 5 octobre 2021 | Lecture | 0 Commentaire « Si je commence
Ils’agit d’éclaircir le statut de l’amour, qui ne se rĂ©duit nullement Ă  une relation imaginaire ou narcissique. DĂšs la naissance, le corps est soumis Ă  une objectivation par la demande maternelle. C’est contre cette objectivation que le sujet lutte grĂące Ă  des mĂ©tamorphoses successives. Il s’identifie d’abord aux objets qu’il aime, mais en courant le risque constant de
LaGradiva est sans doute l’exemple le plus sĂ©duisant du lien que Freud Ă©tablit entre archĂ©ologie, psychanalyse et amour. C’est en 1906 que Carl Jung conseille Ă  Freud la lecture de la nouvelle de Wilhelm Jensen, La Gradiva, Fantaisie pompĂ©ienne. "Ce roman publiĂ© en 1903 raconte l’histoire d’un archĂ©ologue, Norbert Hanold, qui tombe en adoration devant un bas-relief du musĂ©e
Lestopiques en psychanalyse sont deux cartes qui reprĂ©sentent, localisent pour la premiĂšre l’inconscient, la conscience et le prĂ©conscient, pour la deuxiĂšme les instances psychiques que sont le moi, le ça et le surmoi. La premiĂšre topique. Au tout dĂ©but de la psychanalyse Freud s’intĂ©resse beaucoup au langage et Ă  la mĂ©moire. Il a l’intuition que le symptĂŽme est imprĂ©gnĂ©
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Quest-ce qu'un symptĂŽme en psychanalyse? Élodie Chopard A Paris, le 1er juillet 2017 . Si nombre de nos Ă©tats de souffrance constituent un lot quotidien, il existe un point de butĂ©e sur lequel chacun peut singuliĂšrement s'accorder Ă  penser : " c'est trop, je n'en peux plus!. En effet, c'est une chose que de reconnaĂźtre combien certaines souffrances entravent notre vie de tous
Lapsychanalyse est une discipline fondée par Sigmund Freud qui, en 1922, en a donné la définition suivante : « Psychanalyse est le nom : . d'un procédé pour l'investigation de processus mentaux à peu prÚs inaccessibles autrement ; d'une méthode fondée sur cette investigation pour le traitement des désordres névrotiques ;; d'une série de conceptions psychologiques acquises
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